Langue de Vipère.
Trois mots qui la décrivent parfaitement. C’est une chatte du style hypocrite qui ira tout raconter dans votre dos, à qui on ne fait pas confiance. Totalement imbue d’elle-même, son plus grand défaut est certainement la vanité. Arrogante jusqu’aux pattes, elle ne cessera de vanter ses qualités à qui voudra bien entendre. Son plus grand et seul ami ? Son orgueil, aussi gros qu’il peut l’être pour un chat. Elle ne s’attache à personne, méprise tout le monde. Pas étonnant qu’elle ait abandonné ses enfants. Ah, et j’oubliais, parlant d’enfant, elle est totalement incapable d’assumer quelque décision que ce soit. Irresponsable ? Peut-être.

Pour être noire, elle l’est. Du cœur au pelage, tout de jais. Long, rude et toujours aplati sur son corps. Pas un reflet de couleur, sauf peut-être dans ses yeux qui glacent le sang. D’une espèce de turquoise bien vif, le regard vous dit tout. Si on avait pu choisir son nom lorsqu’elle eut ouvert ses yeux, on l’aurait appelée Petite Vipère. Ses iris, comme ceux des serpents, en surprennent plus d’un. Petit museau noir, oreilles triangulaires, bref un visage plutôt étrange. Sa silhouette, quant à elle, ne laisse pas à désirer. Ses hanches se meuvent parfaitement, comme si elle avait appris à marcher comme un mannequin toute sa vie. Ses pattes sont relativement grandes, ce qui lui donne un air encore plus grandiose. Non pas qu’elle ne soit pas belle, simplement …

S’il y a bien deux personnes qu’on peut blâmer d’avoir forgé la vipère qu’on connaît aujourd’hui, ce sont bien ses parents. D’aussi longtemps qu’elle se souvienne, Colère de Lilith et Dédain de Loki se sont toujours détesté. Pourquoi ils l’ont eu? Bonne question, mais ce qui est sûre, c’est qu’elle n’était pas désirée et sa mère le lui faisait bien comprendre. Toujours en train de la réprimander ou de la rabaisser, elle mettait la faute sur sa fille et la battait parfois. Si au début elle paraissait douce et timide, elle changea du tout au tout lorsqu’elle devint apprentie sous le nom de Nuage du Séraphin. Elle s’était sentie forte, ce jour-là, imbattable. Elle était partie affronter sa mère, et elle gagna. Sa mère eut recours à la fuite, tellement elle se sentait honteuse. On ne l’eut jamais revue. Quant à notre jeune apprentie, elle s’imagina que tout le monde était à ses pieds. Elle se montrait hautaine devant les autres apprentis, prenait toute la place et se montrait comme un ange devant les plus grands. Ce fût pire lorsqu’elle devint guerrière. Elle eut récemment appris qu’un mâle l’aimait et commença à lui causer, si bien qu’elle tomba amoureuse plutôt que de l’envoyer au diable. Lorsqu’elle apprit qu’elle attendait des chatons, elle se mit dans une rage telle qu’elle faillit tuer son amant. Personne ne méritait de se faire aimer si elle n’avait pas eu droit à l’amour. Chant des Séraphins avait plusieurs fois essayé de voler des baies pour tuer ses enfants, mais elle n’y parvint pas. La guerrière se cacha donc lors de l’accouchement, abandonnant ses enfants dans une grange. Lorsqu’elle revint essoufflée au camp, le guérisseur comprit plus vite qu’elle ne l’aurait imaginé. Son chef l’obligea à indiquer l’endroit des chatons. Il était déjà tard le soir lorsqu’ils arrivèrent à la grange où les petites n’étaient évidemment pas. L’odeur empestait le bipède, toutes odeurs d’elles étaient effacées. Ils revinrent donc les pattes vides, une haine réciproque brillant à ce jour envers la chatte. À l’heure qu’il est, elles seraient déjà guerrières pour le Clan. Malgré cela, la chatte continua de vivre son infâme vie.