Lorsqu'une vie entière n'est qu'un fatras de mensonge en tout genre, comment savoir si les émotions que l'on ressent sont bien réelles ? Il y a longtemps, le mâle éprouvaient des sentiments, et l'on pouvait le définir par différents termes. Joyeux, amicale, aimant, protecteur avec sa fratrie, loyal, ambitieux, paresseux, gourmand, joueur... Mais aujourd'hui, quiconque serait bien incapable de décrire avec la plus extrême des certitudes qui il est réellement. "Hum, c'est un guerrier assez solitaire", vous diront certains. "Il est très sombre, et les chatons ont peur de lui", vous confierez une reine. "Il se comporte mal avec l'autorité, et n'a aucun respect envers ses aînés", vous cracherez son ancien mentor. Mais personne n'est vraiment parvenu, depuis la tragédie, à cerner l'être qu'il est devenu. Pour faire simple, disons qu'il est vide. Des explications ? C'est compliqué à expliquer. C'est un peu comme si vous aviez en face de vous une enveloppe de chair, sans âme à l'intérieur. Car le mâle ne parle pas, ne réagit que très peu et a toujours le regard dans le vague. Il n'a pas de réelles émotions, il ne sait même pas pourquoi son corps réagit de telle ou telle manière. Progressivement, il apprendra à s'ouvrir au monde et redécouvrira les joies d'une vie dans les Clans.

J'aime les nuits sans lune, car les ombres sont tellement grandes qu'elles cachent à peu près tout. Ainsi, mon tout petit peut disparaître totalement, sans avoir besoin de faire d'effort particulier. Déjà, alors qu'il n'était qu'un chaton, il avait l'habitude de disparaître chaque nuit dans le camp. Avec sa fourrure sombre, il lui était déjà facile de se dissimuler. En grandissant, et bien que je ne sois plus là pour le lui enseigner, le camouflage devint sa spécialité. Malgré sa corpulence, il apprit lentement à poser avec douceur ses pattes sur le sol, faisant attention à sa longue queue touffue. Dès qu'il devint guerrier, sa forte carrure lui valu la peur de bon nombre des siens, et une certaine méfiance de la part des chatons. Ses yeux qui brillaient auparavant d'un éclat d'un bleu déjà pâle sont désormais gris terne. Ils sont maintenant à l'image du vide intérieur qui l'habite.

Que dire d'une chose créée de toute pièce, et dont la véracité n'est que mensonge ? Comment décrire plusieurs lunes d'une vie irréelle et aussi fausse que la paix régnant entre les Clans ? Mon tout petit est né sous le nom de Petite Nuit, que je lui ais donné. C'était un petit chat aventureux, joueur, amicale... Tout le contraire de ce qu'il est aujourd'hui. Je n'irais pas jusqu'à dire que c'est de ma faute, mais il n'aurait jamais du me voir ainsi. Je suis rapidement tombé malade, alors qu'il ne devait avoir que 2 lunes. J'ai été obligée de quitter la pouponnière, et c'est une autre reine qui l'a élevée. Il n'en a jamais rien su, jusqu'à ce ma vie se termine. Je lui ait alors tout révélé, et sa rancune n'en a été que d'autant plus vive. Il avait déjà 10 lunes, et cette découverte l'a beaucoup fait souffrir. Il s'est alors totalement replié sur lui-même, n'adressant plus la parole qu'à son mentor. Cependant, celui-ci lui enseigna des choses extrêmement étranges et troublantes, telle que se battre avec les griffes et les crocs. Chacun de leur entraînement se déroula ainsi, et il fit de fréquents séjours chez le guérisseur. Son mentor finit par mourir, et on lui apprit que c'était un blaireau qui avait accomplit cela. On lui donna un nouveau mentor, qui fut beaucoup moins brutal dans sa manière de l'entraîner. Mais alors qu'il prit son nom de guerrier, Minuit, en rapport avec son pelage, le guerrier le prit à part pour lui révéler une chose atroce. C'était lui qui avait assassiné son prédécesseur, et il était en réalité son père. Sous le choc, Minuit resta immobile et silencieux, tandis que quelque chose se brisait dans sa tête. Depuis ce jour, il reste telle une poupée à errer sur le territoire, dans un silence perturbant. Son but ? Retrouver une âme.