Un rayon de soleil sans pitié aveugla Valse des Mélancolies, qui se leva du pied gauche. Elle était dans un piètre état : son pelage ébouriffé et fangeux laissait croire qu'elle ne s'était pas astiquée depuis des semaines. Son hygiène laissait à désirer. Ses yeux étaient anormalement rouge et humide. Ses muscles endoloris refusaient d'avancer, mais peut-importe ce que son corps disait, elle allait sortir de son terrier : elle n'était pas un blaireau tout de même.

Ainsi donc, elle le fit. Le regard fatigué, elle somnola vers le tas de gibier et prit la première proie qu'elle vit entre ses crocs. Après quoi, elle s'en fût plus loin et renifla le sol pour se trouver un endroit où se remplir le ventre. La guérisseuse opta pour un petit bosquet de fougère. Elle se cramponna, puis s'arqua péniblement pour s'allonger. Malheur, elle avait choisi une souris altérée et souillée par la pluie. Sa queue pendouillait misérablement et un de ses yeux étaient exorbités. Valse des Mélancolies l'avala à contre-coeur. Ce n'était pas sa journée. J'aurais mieux fait d'ouvrir l'oeil et de regarder comme il faut. La chatte moucheté cracha pauvrement une bile saliveuse, puis toussa de plus belle.

Valse des Mélancolies jeta les restes de sa charpente et creusa un trou pour dissimuler la carcasse peu alléchante. Puis, malgré sa maladie qui l'assaillait, partit vers nulle part, comme elle le faisait fréquemment. Elle s'arrêta lorsqu'elle aperçût qu'elle avait atteint les nids de bipèdes. Une clôture argentée où des mailles s'entrelaçaient pour former un barre-route lui bloquait le passage. Valse des Mélancolies grava péniblement le tout et se terrassa sans grâce à terre. La femelle se secoua pour  débusquer les épines de sa robe, puis se retourna. Un chat imposant - tout les chats étaient imposants pour elle - était assit devant elle. Il sentait le bipède à plein nez. Tout ce qu'elle trouva à faire, c'était hurler. Alors, elle poussa un cri de détresse.