Que les vents te soient favorables et gonflent tes ailes pour te mener vers des lendemains meilleurs.

Nuage de Larmes est assez spécial, son physique y comprit. Il possède les caractéristique communes des guerriers du clan du Vent, tout à fait normal pour l'instant. Son pelage, ni trop court, ni trop long, est d'une grande douceur car Nuage de Larmes s'en occupe avec soin. Ce pelage gris perle, plus clair au niveau des extrémités, est clairsemé de taches plus foncés, formant d'étranges motifs qui l'aide un peu à se fondre dans la bruyère. Ce qui le différencie vraiment des autres est sa maigreur, ses os sont particulièrement saillants. Il ne s'est jamais nourrit correctement, même à la saison des Feuilles Vertes, ce qui explique en partie sa maigreur. C'est triste car si ce n'était pas le cas, il aurait sans doute été l'un des plus beaux chats du clan. Les traits de son visage sont fins, mais reste masculins et il possède de longues vibrisses. Ses yeux, d'un magnifique bleu glacé, auraient charmés plus d'une si on n'y lisait pas son stresse constant dedans.

Voyez mon malheur et mes larmes, la solitude de mon âme, le vide affreux que vous y avez fait, et l'abandon cruel où vous me laissez !

Une guerrière, au pelage blanc et gris perle tigré, nommé Aile de Nuage courrait à-travers la bruyère et les plaines sans se fatiguer, heureuse, suivit de son compagnon, un matou noir et blanc nommé Vent Violent. Guerriers tout fraîchement nommés, ils savouraient leur liberté et leur amour qui pouvait enfin être révélé au grand jour sans que personne n'ai quelque chose à redire.
Les lunes passèrent ainsi, sans le moindre soucis, sans la moindre guerre ou bataille. Tout se passa si bien que Aile de Nuage dut bientôt rejoindre les reines dans la pouponnière. Ce fut que quelques lunes plus tard qu'elle mit au monde deux adorables chatons, un noir et blanc fort robuste, large d'épaule malgré son jeune âge, et un gris perle tacheté qui semblait chétif, tous les deux des mâles. La jeune mère les nomma respectivement Petite Lune et Petite Étincelle, espérant que le nom de ce dernier lui donne la force de survivre à la mauvaise saison.
Lorsque la saison des neiges fut arrivé, amenant avec elle les épidémies, Petite Lune et Petite Étincelle devaient avoir environ trois lunes. Une épidémie de mal vert s'était justement déclarés dans le camp et leurs père était gravement touché.

Petite Étincelle se morfondait seul dans son coin, les larmes aux yeux, craignant que la maladie le touche lui aussi. Petite Lune s'approcha de lui en trottinant, ses yeux ambrés contemplant la neige au dehors.

Ordonna le grand chaton noir et blanc en tournant autour de son frère comme un renard affamé. Petite Étincelle renifla.

Sentant que cela pouvait durer toute la journée, leur mère les sépara et n'oublia pas de les gronder au passage car ils dérangeaient les autres reines. Petite Étincelle remarqua bien qu'une certaine tristesse perçait dans la voix de sa mère, contrairement à son frère qui se pavanait en se vantant de son allure de tigre. Le jeune chat gris tacheté se pressa contre sa mère, tout en hoquetant. Il avait peur. Peur de dormir et de ne jamais se réveiller comme certains guerriers atteint du mal vert.

Malheureusement, Vent Violent ne revint pas leur rendre visite. La maladie l'avait emporté et tous étaient au courant. Aile de Nuage était brisée, mais elle tenait bon pour ses petits, ou plutôt pour Petite Étincelle car Petite Lune se débrouillait très bien seul. Deux lunes passèrent et Petite Étincelle n'avait toujours pas fait son deuil, contrairement à son frère encore une fois.
Observant le ciel chargé de nuages de pluie depuis un petit rocher au centre du camp, Petite Étincelle pleurait en silence la mort de père, la mort d'autres vaillants guerriers ... De petites gouttes se mirent à tomber, persuadant le chaton que la nature pleurait avec lui. Petite Lune passa près de lui mais ne fit aucun commentaire, préférant rejoindre les autres chatons. Petite Étincelle les surveillait du coin de l’œil, sans intervenir et puis de toute manière, personne ne voulait de lui. La pluie se transforma peu à peu en une averse, trempant le chaton jusqu'aux os, le condamnant à rentrer dans la pouponnière et rester avec les autres qui se moqueraient de lui. Les jours passèrent et la pluie ne s'arrêta guère, inondant le sol du camp d'au moins une longueur de moustache d'eau. Les guerriers partaient en patrouille de chasse lorsqu'il semblait y avoir une accalmie, mais les lapins restaient dans leur terrier et les autres proies avaient quitté le territoire. Alors que Petite Étincelle se trouvait au seuil de la pouponnière à regarder tomber la pluie, une patrouille rentra au camp, sans la moindre proie, avec un air catastrophé. Certains chats sortir de lors tanière pour voir ce qui se passait, curieux et légèrement inquiet. Petite Étincelle entendit l'un des guerriers revenant de la patrouille qui s'entretenait avec le lieutenant.

Le lieutenant lui murmura une réponse mais Petite Étincelle ne l'entendit pas. Complètement bouleversé, le chaton se précipita dans la tanière et se blottit contre sa mère en tremblant.

Satisfait de la réponse de sa mère, le chat gris tacheté se roula en boule contre elle et se laissa entrer dans son royaume des rêves étranges.
Mouillé ... Je suis mouillé ... Mouillé ?!
Petite Étincelle se leva en sursaut et se retomba sur sa litière aspergeant les chats autours de lui. Il était trempé jusqu'aux os. Parcourant la pouponnière de son regard bleu, il vit clairement de l'eau partout et les autres chatons et reines se levaient en se secouant les uns les autres. Petite Étincelle tenta de sortir de la pouponnière mais dehors, l'eau était bien plus profonde, en sachant que la pouponnière est légèrement surélevé. Paniqué, horrifié, il se mit à gémir et pleurer, ne sachant que faire d'autre. Qu'est-ce qu'un chaton pourrait faire dans cette situation ? Rien, à part s'en remettre aux adultes. D'un coup, une tête émergea de l'eau juste devant lui. C'était Vif d'Or un jeune guerrier au pelage roux clair. Celui-ci entra dans la pouponnière, murmura quelque chose à l'oreille des reines et commença à prendre les plus jeunes chatons dans sa gueule pour ensuite ressortir, plonger dans l'eau et transporter les chatons jusqu'à la tanière de la guérisseuse, une vaste grotte qui pouvait contenir en son sein au moins les trois quart des chats du clan. D'autres guerriers virent les aider à "déménager" , défilant devant les yeux de Petite Étincelle, sans jamais lui jeter un coup d’œil. Les larmes ruisselaient le long de ses joues mais personne ne faisait attention à lui. Un guerrier sortit avec son frère, Petite Lune, dans la gueule. Il ne restait plus que quelques reines mais plus de chatons, tous avaient été transporté. Encore plus effrayé à l'idée qu'on l'oublie, Petite Étincelle sentit pas sa mère s'approcher et le prendre par la peau du cou. Sans bouger d'une griffe, le chaton se laissa faire et vit avec horreur l'eau qui se rapprochait de lui quand sa mère s'approchait pour pouvoir sauter. D'un bond, Aile de Nuage plongea dans l'onde glacial et se mit à battre des pattes frénétiquement. Petite Étincelle se taisait, bien qu'il voyait et sentait clairement la peur et la difficulté de sa mère à garder leur tête hors de l'eau. Une barrière de ronce du camp craqua. Un grondement retentit. Une gigantesque vague surgit. Petite Étincelle se sentit plonger sous l'eau, ballotté dans tous les sens, les crocs de sa mère lui lâcher le cou. Puis plus rien.

Petite Étincelle ouvrit les yeux, persuadé d'avoir rejoint son père dans le Clan des Etoiles. Mais non. Il était sur un sol dur, contre une fourrure, et une langue râpeuse s'occupait à le réchauffer. Mais ce n'était pas la langue de sa mère. Il se releva tout tremblant et contempla, horrifié, les corps inertes devant lui. Il sentait derrière lui la chaleur dégagée par les vivants. Il reconnu le corps de Vif d'Or parmi les cadavres et il repéra un pelage gris perle tigré et blanc.
Non. Non. Ça ... Ça ne peut pas être elle !
Le chaton se précipita vers le corps et vit avec horreur que c'était bien sa mère. Des pas retentirent derrière lui et une voix lui murmura:

Petite Étincelle sortit de la pouponnière suivit de son frère. Petite Lune jubilait mais il gardait un calme apparent. Petite Étincelle, lui, n'arrivait pas à se réjouir de son baptême. Sa mère était il y a une lune à peine ! Ils se placèrent au pied du promontoire, mais ils n'étaient pas seuls. Petite Framboise aussi allait avoir son baptême. Tous les regards étaient braqués sur eux. Le chef cita encore et encore un long monologue pour son frère et la chatte doré. Puis vint le tour de Petite Étincelle. Le chef déclara la même chose que pour son frère.

Le jeune chat n'entendit pas la suite. Nuage de Larmes ... Ce nom si triste lui allait pourtant si bien. Tous le clan les acclama. Nuage de Lune bomba le torse, fier comme un paon. Nuage de Larmes ne se réjouissait guère.
Maman ... Pourquoi m'as-tu laissé toi aussi ?
Une unique larme roula sur sa joue pour finir sa course dans le sol, dans un "plic" que seul Nuage de Larmes entendit.