Il faisait frait, et le soleil voilé d'épais nuages gris. Il n'avait pas plu de la matinée, et pourtant, l'air été humide. Mais la pluie et l'humidité n'avaient jamais gêné le matou noir et blanc. Comme à sa grande habitude, Condor se pavanait sur les territoires voisins avant de se poser dans un coin profond de la forêt, vers midi. Chaque jour, il accomplissait le même rituel, échappant à la vue de ses poursuivants ; les guerriers des Clans. Mais le but de Condor n'était pas d'être discret. Pour lui, la forêt appartenait à tout le monde. Pourquoi les solitaires auraient-ils la plus petite parcelle de territoire ?

Le félin aux larges épaules arriva sur les terres du Clan de l'Ombre en quelques pas. Il grimpa dans un arbre à vive allure, et se posa sur une haute branche. De là, il pouvait apercevoir la pinède, où se déroulait souvent la chasse des guerriers de ce Clan. Ca, Condor le savait, car chaque matin, il venait ici pour zyeuter les apprentis en quête de nourriture. Beaucoup rataient leurs prises, et le solitaire riait toujours aux éclats. Pourtant, tous n'étaient pas des bons à rien ; Condor avait vu quelques fois un apprenti doué pour la chasse, et surtout très agile. Comment s'appelait-il, déjà ? Nuage Boréal, il me semble. Oui, c'était cela.

Le solitaire regarda autour de lui et attendit patiemment un chasseur. Quelle surprise ; justement, à quelques queues de renard, l'apprenti se tapissait dans l'herbe humide afin de traquer un mulot. Condor descendit de son arbre et fit vibrer la terre, de manière à ce que la proie de Nuage Boréal se sauve en courant. Devant le visage écœuré de l'apprenti, le solitaire ne put s'empêcher de rire.

- Tu as des progrès à faire, mon petit.