Le ciel était couvert. Aucune lumière ne passait. Pourtant, il ne faisait pas si sombre que ça. La voûte céleste était d'une couleur à mi-chemin entre le gris et le blanc, aveuglante. Un vent frais soufflait dans les plaines, jusqu'à s’engouffrer et terminer sa course dans les ravins. Les bruits qui sortaient de ces sombres lieux, dont on ne voyait pas le fond, rappelaient le cri des Banshees. Effrayant. Une silhouette se mouvait difficilement dans la vaste étendue d'herbe, se battant avec le vent pour avancer, cherchant par tous les moyens d'arriver à son but. Mais elle n'était pas seule. Il y en avait une autre, plus grande, plus maigre, plus étroite. Elle était ce que la première silhouette cherchait à rattraper.

Renard poussa un juron. Pourquoi diable cet idiot l'amenait ici ? N'auraient-ils pas put parler dans un endroit moins dur à atteindre ? Et puis il était persuadé d'attraper un quelconque mal avec tout ce vent. Le matou au pelage de feu leva les yeux, cherchant du regard son guide: il passait son temps à le perdre de vu. Le guerrier, enfin si on avait le droit de l'appeler comme ça, Le repéra enfin, Il se trouvait à quelques longueurs de queue de là, assis tranquillement, nullement gêné par le vent. Il était grand. Il était beau. Il lui ressemblait et pourtant Il était si différent. Son pelage était roux flamboyant, ses pattes fines et sombres, Il possédait deux marques noires sur son long museau étroit et des yeux ambrés. Il avait tué sa mère, sa sœur mais pas son père. Comme s'Il avait voulu que le matou souffre d'être séparé de ses proches pour vivre avec un bouffon. Il lui avait donné son nom. Le Renard. Le Maître Renard. Celui qui était à l'origine de toutes, ou presque, des attaques de renards. Renard le rattrapa en quelques bonds et s'arrêta près de lui exténué. Il n'aurait peut être pas dut glander au camp et manger sans bouger de la journée car à cause de ça sa condition physique n'était pas au top. Le Maître Renard le savait, et en profitait pour faire souffrir le chat. Pourtant Renard ne pouvait s'empêcher d'avoir de l'admiration pour le fauve. Tellement de puissance ... Si seulement, si seulement il avait put devenir chef. Enfin, il savait depuis toujours que c'était un rêve impossible à atteindre: qui voudrait d'un chef qui ne l'aurait pas mérité ? Le Maître Renard se leva et posa son regard sur l'horizon, la truffe frémissante, aux aguets. Le guerrier roux s’apprêtait à lui demander où ils se rendaient, car il ne le savait pas, mais il en eut pas le temps car Le Maître Renard lui faussa compagnie, semblant disparaître dans le néant. Comment faisait-il pour disparaître alors qu'on se trouvait dans une plaine ? Et bien, sachez qu'il avait plus d'un tour dans son sac.
Le vent apporta alors une odeur familière, trop familière. Que faisait un membre du clan de la Rivière ici ? Renard se leva et courba le dos, le pelage hérissé. Et si on l'avait vu avec le Maître ?

Comment ? Comment cela se faisait-il qu'une guerrière, non une apprentie sans mentor, se trouvait en ces lieux ? Ses terres libres n'étaient-elle pas réputées pour être dangereuses et donc par conséquent faire fuir les chats de clans ? Renard poussa un juron, le pelage toujours gonflé, cherchant à paraître imposant malgré le vent qui le malmenait. Cette apprentie ... Il l'avait déjà vu. S'il se rappelait bien, elle se nommait Nuage de l'Orchidée. Comme l'ancienne chef du clan de la Rivière: Etoile de L'Orchidée. La mère de la petite avait-elle voulu que sa fille possède le courage et la force de caractère de la défunte chef ? Était-ce uniquement à cause de leur pelage similaire ? Était-ce une coïncidence ? Renard optait pour la première solution, celle qui était la plus logique à ces yeux. Le guerrier au pelage de feu fixait de ses yeux ambré la petite chatte, l'esprit encore occupé à répondre à des questions. L'avait-elle vu avec le Maître ? Oui, cela ne faisait aucun doute. Si elle restait en vie, allait-elle raconter sa découverte aux autres apprentis qui eux même le raconteront aux guerriers et ainsi de suite jusqu'à le toute la forêt soit au courante ? Sûrement. De quelle façon allait-il lui faire tenir sa langue ? Par une promesse ? Non, il ne lui faisait pas confiance. En lui faisant peur ? Aucun intérêt, cela risquerait de lui donner encore plus l'envie de le dire. En se débarrassant d'elle ? Voilà bien la meilleure des solutions. Comment procéder ? En la tuant bien sûr.

Renard plissa ses yeux, observant toujours l'apprentie de son regard d'ambre. Elle ne semblait pas très expérimenté, elle ne devrait pas être trop dur à tuer. Une morsure dans la jugulaire et ce serait fini. Si il visait bien, cela ne pendrait pas plus de temps qu'il ne faut pour dire "ouf". Le matou sortit ses griffes et ses crocs, se préparant à la terrible tâche qui l'attendait.